
J’aimerais aborder avec vous le sujet des replacements de chiens. (RE-placement, pas REM-placement hein !). Petite précision, un replacement n’est pas un abandon, puisqu’il consiste à trouver le foyer idéal que le chien rejoindra directement en quittant le foyer précédant.
Il arrive parfois, dans la vie, que les circonstances amènent à des changements qui eux mêmes forcent à prendre des décisions.
Les changements de vie, côté humain, ne sont pas toujours prévisibles, et ne permettent pas toujours de garder le compagnon canin, dans des conditions de vie respectueuses de son intégrité physique et psychologique.
A partir de là 2 alternatives se présentent :
– garder le chien, dans ces nouvelles conditions de vie en prenant soin (ou pas !) d’essayer tant bien que mal de compenser ;
– le replacer, en cherchant à le confier à un foyer qui sera plus à même de lui offrir la vie qu’il mérite.
Prendre la décision de replacer son chien peut être une décision très facile quand le soit disant « amour » de l’animal n’en était pas un. Mais cette décision peut aussi être un véritable drame à surmonter, et une belle preuve de courage quand il s’agit de faire passer l’intérêt de l’animal avant son propre intérêt.
Mais sur les réseaux sociaux, dès qu’il est question de « replacement », il y a toujours des individus qui se croient aptes à émettre un jugement, à critiquer la décision sans en connaître le contexte. Et c’est la porte ouverte aux accusations, aux sous entendus, au mépris de l’humain… Ces réactions sont tellement propres à la pseudo PA du web, vous savez, celle qui s’acharne à critiquer derrière son écran, sans alternative constructive. Celle qui se rassemble dans sa haine de l’espèce humaine plutôt qu’autour de l’empathie pour le Vivant… Celle qui, quelque part, dessert la Cause par l’image qu’elle en renvoie !
Je sais que ces propos vont faire réagir mais c’est mon point de vue et je le partage.
Quand je vois des réactions aussi violentes au sujet de replacement de chiens, ça me questionne beaucoup.
Dans cette détermination à garder le chien coûte que coûte, quelle est la place de notre ego ? Dans quelle mesure refusons-nous à nos chiens l’espoir, la chance d’une vie meilleure parce que consciemment, ou inconsciemment, nous considérons que personne ne pourrait mieux s’occuper de notre compagnon que nous mêmes ? Dérangeant, n’est ce pas ?
Alors oui, peut être que la question ne se pose pas aujourd’hui, quand tout va bien. Mais quand il y a des accidents de vie, des cailloux dans l’engrenage, et qu’il faut tout réaménager, en réduisant la qualité de satisfaction des besoins de son compagnon à 4 pattes, quand on ne se pose même pas la question de replacer le chien tant cela nous est inconcevable, faisons nous preuve de bienveillance envers lui ? Ou d’égoïsme ?
Alors oui, il y a pire comme situation, il y a des chiens dans des situations bien pires… mais le mieux reste l’ennemi du bien.
Quand on fait face à un replacement, si on se soucie du devenir de l’animal, on diffuse, on fait passer le mot. Et comme on essaye tous d’avoir une approche de la vie positive et bienveillante, si ce genre d’élément provoque des émotions négatives, on passe son chemin (et on tente une introspection pour comprendre le pourquoi). Parce que la bienveillance envers soi-même, c’est important. C’est primordial pour aider les autres. Alors on œuvre de façon constructive, ensemble.
En travaillant en refuge, j’ai vu des abandons immondes, des chiens objets, déposés sans le moindre regret. Et j’ai vu des abandons horribles, des humains qui n’avaient pas d’autre alternative, et c’était un déchirement. Vous savez quel a été le point commun de ces chiens ? Leur capacité à rebondir. Parce que le changement, c’est une transition. Elle peut être traumatique chez des individus manquant d’assurance et d’adaptabilité. Mais elle est n’est qu’une étape et non une finalité. Et l’accompagnement dans le replacement, c’est la chance de trouver le foyer qui convient. La chance pour le chien de s’épanouir à nouveau.
Au cours de mon activité de conseil en éducation et comportement canins, j’ai conseillé et accompagné des replacements, lorsqu’ils présentaient la meilleure alternative de vie pour le chien.
Aujourd’hui, travaillant au sein du CIE de Chiens-Guides d’aveugles, j’observe cette même virulence de la part du grand public au sujet des replacements. Doublé d’un mépris considérable pour les personnes déficientes visuelles qui ne peuvent garder leur chien-guide retraité. Et pourtant, la principale motivation de ces replacements, qui sont un déchirement, c’est l’intérêt du chien. Peut-on imposer à un chien arthrosique de prendre quotidiennement des escaliers ? A un chien exclusif de partager son foyer ? A un chien fusionnel d’attendre toute la journée un retour à la maison ? Etc…
Alors la prochaine fois qu’une annonce de replacement vous hérissera le poil, essayez de vous placer dans le prisme de l’Autre. Restez bienveillant. Et si vous le souhaitez, agissez à votre niveau, dans l’intérêt de tous.
Merci
Laisser un commentaire